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Mettre en place l'HAD

La mise en place de l'Hospitalisation à Domicile (HAD) doit être planifiée en tenant compte de divers facteurs ainsi que du fonctionnement du système de santé, qui peut présenter certains freins. Bien que ce mode d'hospitalisation offre de nombreux avantages, il comporte aussi des limites, notamment avec l'environnement et l'état psychologique des patients. Une évaluation rigoureuse des critères d'éligibilité est donc essentielle pour assurer une prise en charge sécurisée et efficace.

Pourquoi mettre en place l'HAD1,2 ?

L'Hospitalisation à Domicile (HAD) présente de nombreux avantages, tant pour les patients que pour les établissements de santé et l'Assurance Maladie.

patient-establishment

L'HAD permet au patient de réduire ses déplacements fréquents et le temps d’attente à l’hôpital limitant ainsi la fatigue et le stress. Il peut également organiser ses activités quotidiennes plus facilement, tout en restant dans un environnement familier et rassurant.​

​Du côté des établissements de santé, l'HAD contribue à désengorger les hôpitaux de jour (HDJ), permettant ainsi de libérer des ressources pour prendre en charge de nouveaux patients. Cette optimisation des flux de usagers de santé garantit une meilleure gestion des capacités hospitalières.​

​Enfin pour l'Assurance Maladie, l'HAD représente une opportunité de réduire les dépenses. En diminuant les coûts liés aux transports des patients et à l'administration des chimiothérapies en milieu hospitalier, l’HAD constitue une alternative économique, tout en maintenant la qualité des soins.​

​Ainsi, l'HAD peut offrir une solution efficace et bénéfique pour tous les acteurs impliqués, tout en répondant aux besoins spécifiques des patients atteints de cancer.

Quels sont les patients éligibles à l'HAD1-5 ?

L'évaluation de l'éligibilité des patients à l'HAD en oncologie vise à garantir la sécurité des soins, tout en respectant les souhaits du patient. Elle repose sur plusieurs critères médicaux, sociaux et environnementaux :

La volonté du patient​

C’est un critère fondamental. Il est essentiel que le patient exprime le souhait de recevoir ses traitements, notamment les cures de chimiothérapie, à domicile. Cette préférence doit être respectée, tant que les conditions médicales et environnementales le permettent.​

La capacité à recevoir les soins à domicile

Ce critère doit être soigneusement évalué et inclure l'appréciation de  l’état général du patient, sa mobilité et sa capacité à gérer certaines contraintes logistiques liées aux traitements à domicile. De plus, il est primordial d'établir la compatibilité de son environnement avec l'administration de soins complexes.

La proximité avec un centre de référence​

L'éloignement géographique du patient de son centre de référence doit également être pris en compte. En cas de complication ou d'urgence, la proximité d'un établissement de santé équipé est essentielle pour garantir une prise en charge rapide. Les patients vivant dans des zones trop éloignées peuvent ne pas être éligibles, en raison des difficultés à organiser des interventions urgentes si nécessaire.​

La compréhension et l'état cognitif

L’entourage du patient joue un rôle déterminant dans la faisabilité de l'HAD. Un environnement familial ou social capable de soutenir le patient au quotidien est un atout majeur pour garantir la réussite de la prise en charge à domicile. À l'inverse, un patient trop isolé pourrait rencontrer des difficultés à gérer les soins ou à faire face à des complications, ce qui limiterait son éligibilité à l'HAD.​

Le soutien de l’entourage​

L’entourage du patient joue un rôle déterminant dans la faisabilité de l'HAD. Un environnement familial ou social capable de soutenir le patient au quotidien est un atout majeur pour garantir la réussite de la prise en charge à domicile. À l'inverse, un patient trop isolé pourrait rencontrer des difficultés à gérer les soins ou à faire face à des complications, ce qui limiterait son éligibilité à l'HAD.​

L'autonomie et la capacité de gestion des soins​

Il est important d’évaluer l'aptitude du patient à gérer ses soins de manière autonome. Un patient capable d'assurer les aspects logistiques de sa prise en charge (respect des horaires, administration des médicaments, etc.) pourra bénéficier de l'HAD avec plus de sécurité. À l’inverse, un manque d’autonomie pourrait représenter un frein, sauf si un accompagnement approprié est mis en place.​

Le respect de l'ensemble de ces critères et une bonne collaboration entre les équipes soignantes, le patient et son entourage sont essentiels pour garantir une prise en charge de qualité, tout en maintenant un niveau de sécurité optimal.

Face au myélome multiple, on rencontre une pluralité de patients. Cinq profils principaux se distinguent4 :

profils patient

Quels sont les freins à la mise en place de l'HAD1,2,7 ?

Le développement de l’HAD en oncologie fait face à plusieurs craintes de la part des établissements de soins et des professionnels de santé.

Attachement à la sécurité du cadre hospitalier traditionnel

Attachement à la sécurité du cadre hospitalier traditionnel

L'un des freins au développement de l'HAD réside dans les habitudes profondément ancrées du système hospitalier. Malgré la volonté affichée d'une meilleure fluidité des parcours de soins et du respect des choix des patients, le secteur de la santé reste souvent attaché au cadre rassurant de l’hôpital ou de la clinique. La crise du COVID a mis en évidence une capacité d’adaptation des structures sanitaires, mais le recours majoritaire au modèle hospitalier est  redevenu prédominant 7.

Decrease

Crainte d’une perte d’activité pour les hôpitaux de jour

Le second obstacle réside dans la crainte d'une diminution de l'activité des hôpitaux de jour, qui voient parfois l'HAD comme une activité concurrente. Le transfert d'un patient en HAD implique une perte pour l'établissement hospitalier, qui ne bénéficie plus du codage de la séance de chimiothérapie, et augmente la charge de travail des oncologues prescripteurs. Un nouveau décret de janvier 2025 expérimente un forfait spécifique pour inciter les établissements traitant le cancer à adresser leurs patients en HAD pour leur chimiothérapie2.

Rémunération

Rémunération des centres pour les activités de coordination avec l’HAD

Les oncologues jouent un rôle central dans la coordination et la validation des protocoles thérapeutiques pour les patients transférés en HAD. Ils sont également responsables de la gestion des urgences et des effets indésirables, que le médecin coordonnateur de l’HAD ne peut pas résoudre. Ce travail, n'était  auparavant pas rémunéré, créant un déséquilibre entre la charge de travail des prescripteurs et les bénéfices financiers des établissements hospitaliers.  L'expérimentation du forfait d'adressage,  a notamment pour vocation de lever ce frein à la mise en place de l'HAD2.

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Disparités territoriales du taux de couverture de l’HAD

Un autre frein est le taux de couverture de l'HAD sur le territoire. Si le nombre moyen de patients pris en charge par jour et pour 100 000 habitants est passé de 27.7 patients en 2022 à 29 patients en 2023 au niveau national, il varie fortement d'une région à l'autre. Ainsi, la Normandie affiche un taux inférieur à 20, alors qu’en Bretagne, dans les Hauts-de-France ou encore en Nouvelle-Aquitaine, ce chiffre est supérieur à 35. Ces écarts traduisent d'importantes disparités territoriales8.

Ces éléments expliquent en partie les difficultés rencontrées par l'Hospitalisation à Domicile dans son développement et son accessibilité sur l'ensemble du territoire français.

L’HAD, vers une médecine plus humaine et personnalisée9

L’État s’engage à travers un programme national de pertinence et de désescalade thérapeutique, visant à réduire durablement les séquelles physiques et psychosociales liées aux traitements du cancer. Un objectif clair guide cette action : repenser les traitements pour qu’ils soient moins invalidants tout en garantissant la même efficacité en proposant dès que cela est possible des soins ambulatoires au domicile du patient.

La crise covid 19 ayant mis en évidence un enjeu organisationnel des soins, l’état s’engage également à combattre les pertes de chance d’attention de la lutte contre le cancer lors de période de crise sanitaire, notament en assurant l’accès des soins de support le plus en proximité et garantissant un suivi renforcé des patients.

Références

FRA- 171-1124-80002 – Juillet 2025